Retrouvez l'article de Mathieu PATOU-PARVÉDY sur le site de L'INFO RE.
A l’occasion de son passage sur l’île, LINFO.re a pu s’entretenir avec Max Dubois, président de République et Développement Outre-Mer, ancien coordinateur Outre-Mer d’Emmanuel Macron durant la campagne des présidentielles de 2017.
Quel est votre parcours ?
Confié à la naissance à la DASS, j’ai grandi dans plusieurs familles d’accueil. Pur produit de l’échec scolaire, j’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans comme commis dans une fromagerie. Ça n’a pas été simple mais ce ne fut pas un drame, au sens où, j’ai pu bénéficier, comme n’importe quel enfant de la République, des soins quand j’étais malade, de la sécurité publique quand j’étais en danger, et de la liberté de dire et de faire. Pour m’inclure dans la société dans laquelle j’étais un surnuméraire, je me suis posé le problème en termes de devoirs et non en termes de droits.
J’ai eu beaucoup de chance, j’ai su éviter les mauvaises rencontres, j’ai beaucoup travaillé, souvent dans des métiers très difficiles - c’est le lot des gens sans formation - mais progressivement j’ai appris de mon travail et de mes erreurs. J’ai toujours travaillé dans l’univers des petites et moyennes entreprises. Il y’a un avantage à naître sans famille : c’est qu’elle est intégralement à construire et jamais à subir.
Mes frères, mes sœurs, sont mes amis-frères, mes amis-sœurs, que j’ai choisis, qui m’ont choisi. Cela apporte une très grande fidélité réciproque. Quand j’étais enfant, si j’avais su marcher sur les mains, pas un sou ne me serait tombé des poches. Cela m’a enseigné la valeur des choses. Sur le tard, j’ai décidé d’entreprendre des études. Mon appétence pour l’Outre-mer m’a conduit à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale. Je suis auditeur de la quatrième session majeure “Enjeux et Stratégies maritimes”.
J’ai créé et dirigé le livre anniversaire “Les 60 ans du SMA”. Le Service Militaire Adapté joue un rôle essentiel d’insertion et de professionnalisation dans les territoires d’Outre-mer.
En outre, je suis lieutenant-colonel de la réserve citoyenne. Je suis auditeur de la 17ème session nationale du Cycle des Hautes Etudes de Développement Economique, et je suis diplômé depuis cette année d’un Master 2 “Analyse Economique et Gouvernance des Risques” obtenu à l’Université de Paris Saclay. Début 2018, j’ai créé l’association R&DOM, République et Développement Outre-mer.
Qu’est ce qui nourrit votre intérêt pour l’Outre-mer sur le plan personnel ?
Comme je vous l’ai dit, je suis né surnuméraire. Cela signifie qu’un enfant de l’assistance publique n’est pas tout à fait comme un autre. J’ai retrouvé l’ostracisme, que j’ai parfois subi, dans d’autres minorités. Mes copains de classe algériens, celles et ceux de mes amis que j’ai vus malmenés du fait de leur homosexualité. Mes amis juifs qui ont souffert des poncifs ancestraux débiles et méchants qu’on prête à leur religion. Et évidemment mes amis noirs, qui payent encore le lourd tribut infligé à Cham. Il ne serait jamais venu à l’idée de mon cher beau-père, élégant guadeloupéen ébène, de m’écarter de ses attentions délicates, au motif que « je n’ai pas l’élégance d’être nègre », comme le chante Claude Nougaro.
Le racisme, l’ostracisme en tout genre, et l’exclusion, me font vomir, mais ils constituent en même temps le cœur atomique de ma colère, jamais apaisée, sur ces sujets. Ma rencontre avec ma compagne fût également une rencontre avec l’Outre-mer, avec des inégalités en tout genre, mais aussi avec les cultures étonnantes et si riches des Afro-descendants, des Indiens, des Chinois.
Les Outre-mer sont une fiction administrative, sauf si on les considère sous l’angle d’une formidable diversité et d’une société métissée, intelligente, précurseur d’une société tolérante, dans laquelle chacun s’enrichit de l’autre.
Et sur le plan professionnel ?
J’ai toujours vécu dans le monde des PMI-PME, j’ai eu des expériences heureuses et d’autres beaucoup moins. J’ai créé une activité de conseil en entreprise dès 1986, toujours active aujourd’hui. Les moments difficiles que j’ai rencontrés, comme tout petit chef d’entreprise, m’ont profondément façonné. L’angoisse de faire les payes quand il n’y a plus de sous sur le compte, les lettres recommandées pour les retards de charges, les clients en difficulté, former patiemment un salarié qui, une fois fin prêt, vous quitte pour des horizons qui lui semblent meilleurs.
Mais aussi la satisfaction de voir se produire un atelier qu’on a passé des nuits à imaginer, la joie intérieure devant la satisfaction du client, et le partage des éclats de rire et des jolis moments avec ses équipes. Chez les petits chefs d’entreprise, l’argent est important, mais rarement l’essentiel. Ce qui les fait courir est ailleurs : c’est le bonheur de créer, et de créer encore. En vous disant cela, j’entends les ricanements de celles et ceux qui ne savent pas. Je les accepte mais ils se trompent.
Qu’est-ce que vous gagnez à faire du lobbying ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord dire que je fais du lobbying dans le cadre de l’association R&DOM. R&DOM cherche tous les moyens du développement endogène dans tous les secteurs économiques. Les territoires d’Outre-mer sont sous le régime de l’économie de rente. Cela veut dire qu’une poignée de grands acteurs ont accaparé les marchés les plus juteux, c’est -à -dire les marchés les plus aidés par l’Etat. Les aides publiques constituent LA RENTE.
Pour ne citer que le Président de la République lors de son discours à la Réunion en octobre 2019 : « Il y’en a quelques-uns, qui en quelque sorte, ont tout pris pour eux. Ne nous mentons pas ! » Ces quelques grands groupes qui fondent leur économie d’échelle sur leur présence dans la quasi-totalité des territoires d’Outre-mer, sont devenus des spécialistes d’une redoutable efficacité. Ils vont chercher, à grand renfort d’avocats-conseils en défiscalisation, de juristes européens, de cabinets comptables internationaux et de financiers de très haut vol, toutes les subventions disponibles et tous les montages favorables au développement de leurs affaires.
En outre, ils disposent de très puissants outils de lobbying, à l’instar du cabinet Eurodom, capable d’intervenir tant au niveau politique qu ’institutionnel. Intrinsèquement, ces actions n’ont rien de répréhensible, sauf que l’argent public n’étant pas extensible à l’infini, la part prise par ces très grands groupes est telle qu’elle en privé d’utilisation une grande partie du monde économique. Prenons par exemple le cas du POSEI, sur 320 millions d’euros d’aides européennes allouées chaque année à toutes les filières animales et végétales pour la Réunion, Mayotte, la Martinique, la Guadeloupe, et la Guyane, 200 millions sont avalés par les filières banane antillaise, et canne-sucre-rhum Réunionnaise et Guadeloupéenne.
Plus de 80% des entreprises du monde agricole ne perçoivent aucune aide européenne.
Face à cela, les chefs d’entreprises petites et moyennes sont démunis. Et plus le temps passe, et plus l’écart se creuse. Les politiques publiques, depuis des décennies, ont drapé de soie le lit de ces grands groupes. Au point qu’aujourd’hui ils disposent d’une telle puissance financière, qu’ils peuvent acheter quasiment tout ce qu’ils veulent du monde économique.
Leur puissance est telle que beaucoup d’entreprises dans les territoires d’Outre-mer dépendent de ces grands groupes. On est évidemment moins libre quand on est obligé.
Alors oui, R&DOM propose une alternative aux entreprises qui ne disposent pas de la puissance de frappe des monopoles et oligopoles. Parce que R&DOM est à Paris et bientôt à Bruxelles, parce que R&DOM dispose de relais et de compétences, il est possible de réduire l’écart.
Vous avez des contrats en Outre-mer ?
Si vous me posez la question de savoir si aujourd’hui mon activité professionnelle personnelle s’exerce en Outre-mer, ou si j’ai des clients en Outre-mer, toujours à titre personnel, la réponse est non.
Qui vous finance ?
J’imagine que vous me posez la question au titre de l’association R&DOM. R&DOM vit exclusivement des cotisations de ses adhérents-entreprises. R&DOM ne bénéficie d’aucune subvention publique autre que des aides allouées à l’embauche des jeunes, comme toute association, comme toute entreprise. C’est le prix de la liberté.
Êtes-vous étiqueté LREM ?
Au lendemain de l’élection du Président Macron, je n’ai pas souhaité intégrer LREM. En effet venant depuis 1979 du Parti socialiste, affilié au courant de Michel Rocard, j’ai une culture très profonde de la légitimité des dirigeants élus par leurs camarades. La République en Marche s’affranchît de cette nécessité et nomme depuis Paris ses cadres dirigeants dans les territoires. C’est donc totalement incompatible avec ma vision des choses.
Êtes-vous un électron libre En Marche ?
Précisément pas. Mais je suis attaché à la réussite du Président Macron, dont je fus le coordinateur de campagne Outremer en 2017.
Comment comptez-vous peser dans cette campagne présidentielle ?
La quasi-disparition des corps intermédiaires renforce de facto, et le rôle, et la nécessité d’exister des associations. Elles seront à mon sens de plus en plus puissantes dans les années à venir. Les associations défendent des causes précises, c’est le cas de R&DOM. R&DOM regroupe pour défendre la cause des entreprises mais aussi des particuliers, notamment des jeunes qui adhèrent pour l’euro symbolique, des intellectuels, des artistes.
R&DOM est donc une structure apolitique. A ce titre, R&DOM ne roule pour aucun parti en particulier. Je ne connais pas l’opinion politique des adhérents de R&DOM, et peu m’en chaut. Chacun de nous dans l’association déposera son bulletin de vote pour qui il voudra. Le mien est acquis pour Emmanuel Macron, mais cela n’engage que moi et pas l’association.
Pour peser, donc, lors de cette campagne présidentielle, sans oublier celle des législatives qui suivra, je dois, en ma qualité de Président de l’association, promouvoir nos propositions, chercher à les imposer.
Quelles sont donc vos principales propositions ?
Comme vous l’avez compris, le chapeau de R&DOM c’est la lutte contre les inégalités économiques.
Proposition 1 : Stop sous-rém’.
Le problème n’est pas la sur-rémunération, mais bien la sous-rémunération.
Cette véritable ségrégation économique entre privé et public, un écart de plusieurs centaines d’euros par mois, à travail équivalent, qui s’effectue dans un contexte de cherté de la vie insupportable pour les sous-rémunérés, est intolérable. Aucun salaire net ne doit être inférieur à 1650 € par mois. Outre la remise à niveau de la rémunération, on créera par ce dispositif une vraie attractivité pour le travail. Aujourd’hui, l’écart de revenu entre une personne qui travaille au salaire minimum et une personne vivant des allocations sociales est trop peu significative. En tout cas pas incitatif.
Le financement de ce dispositif Stop sous-rém’, à l’instar de la sur-rémunération des fonctionnaires, est à prendre en charge par l’Etat via une baisse des charges sociales reversée à l’euro près par les entreprises aux salariés sous-rémunérés quand la masse salariale est suffisante, et sous forme de remboursement dans le cas de TPE. Cela n’engendre donc aucun coût pour l’entreprise.
Proposition 2 : Loi anti-trust
En 2020, lorsque Casino a dû se défaire de toute urgence de ses magasins à la Réunion, la quasi-totalité de la classe politique, des chambres consulaires, et des syndicats patronaux, à l’exception notoire du Medef,sont montés en ligne pour s’opposer à la reprise de Vindemia par le groupe GBH. GBH occupait déjà des positions dominantes dans un certain nombre de secteurs économiques. Ce groupe est tellement important à la Réunion, sa capacité financière inouïe à l’échelle du territoire, qu’il devient un véritable arbitre de la vie économique.
Il faut aussi parler de CMA CGM, de Maersk, et des autres compagnies maritimes, en situation d’oligopole, qui font aujourd’hui exploser les prix du transport maritime. Ces augmentations qui vont de 20 à 400% auront bientôt des conséquences considérables sur le portefeuille des ménages.
Il faut donc mettre en place une loi anti-trust nationale qui limitera les parts de marché d’un opérateur, dans un secteur donné, et dans un territoire donné, à 30%, en excluant certains services publics bien sûr.
Dans le cas de monopoles incontournables, s’ils ont bénéficié d’argent public, il faut recourir à la régulation des prix. Je tiens ici à préciser qu’il ne s’agit pas d’une proposition de dangereux gauchiste, mais de libéral convaincu par l’importance de la concurrence pour baisser les prix et augmenter les salaires.
Les Etats-Unis, pays qu’on peut difficilement taxer d’être anti-entreprise, avaient dès 1890 adopté une loi anti-trust, qui leur a permis de faire éclater les monopoles du tabac et du pétrole en 1911, et plus tard de la téléphonie en 1982.
Proposition 3 : La territorialisation :
Il faut en finir avec une vision jacobine de la gouvernance. Chaque territoire d’Outre-mer a ses spécificités, ses atouts, ses attentes. Il faut en finir avec une réglementation universelle qui ne tient aucun compte des réalités locales. Chaque territoire doit pouvoir s’adapter à son univers régional. Les grands services de l’État comme la Deal doivent être soumis à une obligation de développement des territoires. Sous l’impulsion des élus locaux, elles doivent être force de proposition pour adapter la réglementation. Pour reprendre l’exemple de la reprise de Vindemia, l’autorité de la concurrence - parisienne - en « toute indépendance » a ignoré le souhait de la classe politique, sociale et sociétale des Réunionnais, en imposant sa règle. En aucun cas cela ne devrait être possible.
Les Outre-mer peuvent ici jouer le rôle de précurseurs dans ce domaine, et être à l’avant-garde de la décentralisation nécessaire pour notre pays.
Proposition 4 : Relance de l’agroalimentaire
L’objectif est de développer l’autosuffisance alimentaire dans les territoires et d’en positionner les productions à l’exportation dans le bassin indopacifique. Le dispositif doit être écologiquement vertueux, durable, et créateur d’emploi.
Il faut pour cela refondre intégralement la distribution des fonds POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insularité), principalement captés aujourd’hui par Tereos à la Réunion et par les grands planteurs de la filière banane Antillaise, et prévoir un plan de modernisation de la petite agriculture et de l’agriculture vertueuse.
Est-ce que la vie dans les Outre-mer a évolué de manière significative et dans le bon sens ces cinq dernières années ?
Ce qui a évolué dans le bon sens, c’est la formation. La division par deux des classes de CP et de CM1 dans les REP et REP + aura à moyen terme un impact considérable sur la société réunionnaise. Elle touche 54% de chaque classe d’âge. Cela fait environ 15 000 enfants chaque année, pour les deux niveaux, prenant un bon départ. Le taux d’échec des enfants concernés sera considérablement réduit.
La gestion économique de la crise Covid-19 par le Président de la République a eu un impact bénéfique considérable sur la société ultramarine, et plus particulièrement à la Réunion. La baisse du PIB de la Réunion a été de 4,2% sur l’année 2020, contre une baisse moyenne de 8 % pour l’ensemble de la France.
En Outre, le “quoi qu’il en coûte” imposé par le Président Macron a sauvé d’une mort certaine des milliers d’entreprises, donc des milliers d’emplois, toujours à la Réunion. La Remontada exceptionnelle de l’économie française, de 6,25% de croissance en 2021 selon l’INSEE a engendré une diminution du chômage spectaculaire. Toujours selon l’INSEE, le taux de chômage national devrait tomber à 7,6% à la fin de l’année 2021, le plus bas niveau depuis 2008.
N’en déplaise à la sympathique Angela, la France se classe largement au-dessus de l’Allemagne -donc première en Europe - sur la reprise économique. L’activité du pays est revenue au-dessus de son niveau du début de quinquennat (+0,6 %) à l’issue du deuxième trimestre 2021 pendant que les autres puissances européennes reculaient : - 0,7 % pour l’Allemagne, - 1,3 % pour le Royaume-Uni, - 2,7 % pour l’Italie et - 3,7 % pour l’Espagne.
Quelles sont les critiques que vous aurez à formuler contre le Président de la République ?
Le Président de la République a théorisé la notion économique du premier de cordée. Il a raison de dire que le pays doit avoir de grands champions internationaux. Rien n’a été entrepris dans les territoires d’Outre-mer pour faire naître de grands champions de ce type dans les secteurs de la valorisation de la biodiversité, l’amélioration de la connaissance des ressources marines, ou la diversification du mix énergétique.
Le plan France 2030 vient en grande partie corriger le manque d’ambition du premier quinquennat pour les Outre-mer.
Quel est le dossier raté de l’exécutif pendant ce quinquennat ?
Les inégalités économiques n’ont pas baissé.
Emmanuel Macron vous suit il sur les grands dossiers ultramarins (revenus, vie chère, productions locales, et cætera) ?
Sur les revenus et la vie chère, pas suffisamment, évidemment. C’est la raison pour laquelle je porte haut et fort les positions de l’association. Pour la production locale, j’ai été plus entendu, mais je dois maintenir l’effort.
Que venez-vous faire (en vrai) à la Réunion ?
La Réunion c’est la France, chaque Réunionnaise, chaque Réunionnais est chez elle ou chez lui à Paris, son opinion compte, ses efforts s’unissent à tous les autres, nous sommes la Nation France. Je me sens aussi bien à la Réunion que dans le Périgord. Je défends des idées d’égalité, je suis un grand amoureux de la France des Océans. Serais-je illégitime d’ y apporter ma pierre ?
La sur-rémunération Outre-mer, stop ou encore ?
Stop à la sous-rémunération.
La canne, stop ou encore ?
Comme je l’ai dit plus haut, la filière canne à sucre dévore 200 millions d’€ de subventions par an, sans que cela n’apporte un confort économique aux ouvriers et aux petits planteurs de la canne. Il faut sortir du “tout canne à sucre” par un plan sur cinq ans en favorisant le développement de la canne énergie qui se substituerait à l’importation de biomasse du Canada et par le développement d’une agriculture d’exportation en direction du bassin indopacifique et de Mayotte. Pour cela, il faut remettre en question la rente perçue par Tereos.
Votre point de vue sur la continuité territoriale ?
La continuité territoriale des marchandises est indispensable. Il faut isoler de manière précise le coût représenté par l’acheminement des produits importés. Non pas de manière macro-économique mais de manière micro-économique. On doit connaître le coût d’approche du paquet de pâtes. Les analyses de masse en la matière ne veulent rien dire.
Sur la continuité territoriale humaine, il en va de la liberté d’aller et venir dans l’espace national. Il faut maintenir les aides existantes et développer la concurrence des transporteurs.
L’Etat doit-il aider tous les Réunionnais à voyager ?
Indépendamment de la continuité territoriale, l’Etat apporte déjà des aides spécifiques pour permettre par exemple aux étudiants de voyager. Il faut encore les développer, même si beaucoup en la matière est déjà fait.
L’Etat doit-il jouer un rôle dans l’ouverture du ciel réunionnais à plus de concurrence ?
Au moins ne doit-il pas l’empêcher.
Dans la grande distribution vous dites que les marges vont toujours dans les mêmes poches.
Pouvez-vous préciser ? De qui parlez-vous ?
Je ne limite pas cette réalité à la grande distribution.
Les marges sont constituées à partir de la rente. Il existe deux facteurs à cette rente :
⁃ La situation de monopole ou d’oligopole.
⁃ La captation directe ou indirecte des aides et subventions.
Les marges vont donc toujours à ceux-là même qui réunissent les deux conditions : Tereos, GBH, les grands producteurs de banane Antillais, les grands transporteurs maritimes …
Vous prônez une augmentation de 30% des salaires pour les ouvriers agricoles des Antilles. À la Réunion vous défendez des augmentations de salaires, de quel ordre et dans quels secteurs ?
Aux Antilles je demande une augmentation de 30% des salaires des ouvriers agricoles qui travaillent dans les exploitations de banane des gros planteurs. Pourquoi ? Parce que ces gros planteurs touchent des subventions supérieures à 100 % de leur masse salariale,
charges comprises. A ce niveau d’aides, l’Etat doit exiger par contrat qu’aucun salaire ne puisse être versé en dessous du SMIC+30%. À la Réunion, les salariés des grands planteurs de canne doivent être alignés sur la même règle. Pour les autres secteurs, il faut mettre en place le dispositif Anti sous-rém.
Votre visite prépare-t-elle la venue du Premier ministre et du Président ?
J’espère qu’ils vont s’inspirer de nos propositions.
Quelle est votre relation privilégiée au sein de l’exécutif ?
L’exécutif n’est pas monobloc. Ceux qui ont la fibre sociale et entrepreneuriale me soutiennent.
Avez-vous le 06 du Président de la République ?
Oui.
